Chen Jingxian et son équipe en combinaison de pilotage imperméable, qu'ils ont portée au-dessus de l'océan Atlantique. [Tuo Yannan/China Daily] |
Inspirée par Antoine de Saint-Exupéry, une avocate de 31 ans est en passe de devenir la première femme pilote de son pays à faire le tour du monde.
L'exploit ne manquera pas d'étonner de la part d'une personne comme Chen Jingxian, qui n'était jamais allée dans une grande ville avant l'âge de 18 ans et son entrée à l'Université de Pékin. C'est là qu'elle eut l'occasion de lire les livres de Saint-Exupéry, Vol de nuit et Terre des hommes. « Ses aventures m'ont donné envie d'apprendre à voler et de voir à quoi ça ressemble, de faire le tour du monde en avion », dit Jingxian.
Il ne s'agit pas seulement, pour elle, de réaliser un rêve, mais aussi de gagner le prix d'un million de yuan (133 000 euros) offert à la première Chinoise qui accomplira cette prouesse.
Chen Jingxian est partie le 1er août de Cleveland, dans l'Ohio, à bord d'un monomoteur Beechcraft Bonanza. Elle a fait escale à New York, à Boston, au Canada, au Groenland et en Islande avant de gagner Paris. Arrivée là, elle s'est entretenue avec le journal China Daily avec à ses côtés son chat en peluche nommé Ebony et ses accompagnateurs.
Après Paris, elle s'est posée en Espagne, en Italie, en Grèce et en Égypte, puis elle a traversé l'Arabie saoudite pour atteindre Dubaï, survolé l'Inde et la Thaïlande pour rejoindre la Chine où, le 6 septembre dernier, elle a fait une brève escale à Chengdu, sa ville natale dans la province du Sichuan, dont elle dit qu'elle se situe à mi-chemin de son odyssée. Elle devait ensuite mettre le cap sur le Japon et la Russie avant de regagner les États-Unis par l'Alaska.
Elle a estimé qu'il lui faudrait entre 45 et 60 jours pour effectuer son voyage. Afin de joindre les deux bouts, elle a emprunté de l'argent à sa famille et à des amis. Chen Jingxian, qui se décrit en plaisantant comme « une pilote du dimanche », est une avocate d'affaires qui partage son temps entre Shanghai et New York.
Elle avait quitté Pékin en2011 pour faire une maîtrise de droit à New York. C'est là qu'elle entreprit de suivre des cours de pilotage le week-end. Forte de 300 heures de vol à son compteur, elle commença à prendre contact avec des sociétés de location pour obtenir un avion. Sa demande rejetée maintes fois, elle s'adressa à Richard Rohl, qui gère la firme Air Z Charter et le T & G Flying Club.
« J'étais sceptique au début, quand Chen Jingxian m'a écrit », dit M. Rohl. Impressionné par la détermination de la jeune femme, il demanda à Ahmanda Lincoln, une élève pilote, de la rencontrer. Le courant passa tout de suite entre Ahmanda l'institutrice et l'avocate chinoise.
« « Dès notre première rencontre, nous avons eu un bon contact parce que nous partageons la même passion pour le pilotage », dit Ahmanda. « Les femmes pilotes sont rares, non seulement aux États-Unis, mais au niveau international aussi. Elle est valable, instruite et déterminée. Jingxian n'est pas seulement un modèle pour moi, elle sert aussi d'exemple à d'autres femmes qui veulent se dépasser et réaliser leurs rêves les plus ambitieux ».
Ahmanda Lincoln, avec Richard Rohl et son père Larry, tous deux pilotes prêts à seconder Jingxian en cas d'urgence, font partie de l'équipe de soutien à bord de l'avion.
L'argent du prix a été fourni par Chen Wei, un résident de Changsha dans la province du Hunan qui a été le premier pilote chinois à faire le tour du globe en 2011. À bord d'un Socata, un monomoteur à turbopropulseur, il parcourut 40 200 kilomètres, accumulant 39 villes et 21 pays.
« Cétait merveilleux de faire la connaissance d'une jeune femme aussi avenante et intelligente que Chen Jingxian, qui partage le même rêve », dit Larry Rohl. « Elle m'a rappelé la personne que j'étais quand j'avais son âge ».
Chen Jingxian en compagnie de deux membres de son équipe de soutien, Larry Rohl (à droite) et Richard Rohl devant leur avion à Paris. [Tuo Yannan/China Daily] |