Tian Junhua ramassant des insectes lors d'une expédition dans la province du Hubei. [Provided to China Daily] |
Tian Junhua étudie les insectes minuscules depuis qu'il était lui-même tout petit, mais qui aurait pu imaginer qu'en grandissant, il deviendrait un jour un géant du monde scientifique ?
Dernièrement, la revue Nature a publié un article intitulé Redefining the Invertebrate RNA Virosphere (Redéfinition de la virosphère des ARN invertébrés), qui rend compte de la découverte, par le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies, de 1 445 virus chez lesquels l'acide ribonucléique (ARN) sert de matière génétique.
Âgé de 36 ans, M. Tian, qui travaille pour le centre à Wuhan, dans la province du Hubei, est l'un des auteurs de l'article. Il est chercheur à l'institut du centre chargé de la désinfection et du contrôle vectoriel. Ses collègues l'appellent Insect Man, « l'homme insecte ».
Né dans la campagne proche de Jingmen, dans le Hubei, Junhua explique qu'il a passé une grande partie de son enfance à l'air libre. « Nous n'avions pas d'activités extrascolaires comme les enfants de la ville. Tous nos jeux se déroulaient dans les champs ».
À force de jouer tous les jours le long d'une rivière et dans les champs, il devint doué pour attraper toutes sortes de bestioles. L'été, se souvient-il, il pouvait facilement récolter 10 kilos de crevettes d'eau douce en une journée : « quand j'étais gosse, j'adorais observer et attraper toutes sortes de petites bêtes, principalement des insectes ».
En 2000, il se lança dans l'étude de la taxonomie à l'École d'agronomie de Huazhong puis décida de se spécialiser dans cette science de la classification.
Diplômé en 2004, Tian Junhua commença à travailler pour le Centre de contrôle et de prévention des maladies, où il était chargé de repérer, d'identifier et de classer les nuisibles et porteurs de maladies tels que les moustiques, les souris et les cafards.
Cinq ans plus tard, après avoir capturé des milliers de rongeurs dans les prairies et les montagnes environnantes, il connaissait chacune des espèces répandues autour de Wuhan. Il est aujourd'hui capable de juger d'un coup d'œil si telle ou telle zone est susceptible de contenir des souris, et ses travaux ont fourni à la recherche énormément d'échantillons servant à la prévention et au contrôle des maladies. D'après ses propres calculs, il a collecté près d'un millions d'échantillons d'insectes et d'animaux au cours des 15 dernières années.
À la suite d'une série de maladies portées par des tiques qui se sont déclarées dans les provinces du Henan et du Shandong en 2009, Tian Junhua fut envoyé sur place pour enquêter dans le cadre d'un groupe de recherche. Il travailla pendant plus de 20 jours d'affilée à la collecte d'échantillons. Pendant les quatre années suivantes, lui et ses collègues amassèrent environ 120 000 tiques dont la matière contribue au diagnostic clinique des morsures de tiques.
C'est à ce moment-là que Tian Junhua identifia un virus jusqu'alors inconnu. On l'appela le virus de Jingmen, d'après le nom de la ville natale du chercheur où il fit sa découverte.