Des passionnés des cultures traditionnelles chinoises dans le Jardin du Pavillion rouge (Daguanyuan) à Pékin lors du Jour du balayage des tombes. [Photos provided to China Daily] |
Les 24 termes solaires chinois, qui ont inspiré des poètes et des artistes, ou encore guidé les travaux agricoles, sont désormais reconnus d'importance internationale.
Quand le printemps éclate, il tire les animaux de leur sommeil hivernal et la germination des plantes insuffle une bouffée d'air frais sur la planète. Le thermomètre est à la hausse et les pluies plus fréquentes verdissent les monts. Quand la chaleur de l'été s'estompe, les agriculteurs préparent la récolte et, quand la neige tombe en hiver, une couche d'un blanc immaculé enveloppe les montagnes.
La métamorphose du paysage consécutive au changement des saisons fournit depuis longtemps matière à des poésies, des tableaux, des comptines et d'autres formes artistiques.
Se fondant sur l'observation du mouvement annuel apparent du soleil, les anciens Chinois ont élaboré un calendrier lunaire divisant l'année en 24 segments, dont chacun est désigné par un terme solaire particulier (jieqi). Le système qui en découle a abouti à un cadre temporel régissant l'agriculture, la vie quotidienne et les fêtes.
Les 24 termes solaires chinois ont récemment trouvé grâce aux yeux du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, un organe de l'UNESCO. Le 30 novembre dernier, le comité les a ajoutés à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité lors de sa 11ème session tenue à Addis Abeba, en Éthiopie, après avoir examiné 37 demandes d'inscription.
L'addition des termes solaires porte à 31 le nombre d'éléments chinois sur la liste. Le comité a déclaré que leur inscription ferait prendre conscience au peuple chinois de « l'importance de la transmission et de la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel au niveau national », tout en permettant « une meilleure compréhension des variations régionales des termes solaires ». Il a également indiqué que leur inscription favoriserait le dialogue international entre les tenants des systèmes traditionnels de la connaissance des temps, débouchant ainsi sur une meilleure appréciation et un respect tant de la diversité culturelle que de la créativité humaine.
Les termes solaires sont perçus comme « la cinquième invention chinoise » dans les milieux météorologiques internationaux. L'origine du système se situe dans les régions longeant le fleuve Jaune qui ont été pendant longtemps le centre politique et économique de la Chine.
Un terme solaire renvoie à l'un quelconque des 24 points du calendrier lunisolaire traditionnel chinois correspondant à un événement astronomique ou indiquant un phénomène naturel. Les points, espacés les uns les autres de 15 degrés le long de l'écliptique, étaient utilisés pour maintenir les calendriers lunisolaires synchronisés avec les saisons.
Les documents historiques subsistants montrent que le Lyushi Chunqiu (Les Annales des printemps et automnes de Maître Lyu), un texte encyclopédique classique compilé autour de l'an 239 avant notre ère, a d'abord relevé huit termes correspondant à quatre saisons. Le Huai nanzi, un recueil classique d'essais datant de l'an 139 avant notre ère, mentionnait 24 termes identiques à ceux d'aujourd'hui. En 104 avant notre ère, le Taichu (le calendrier du Grand Commencement), premier calendrier officiel chinois comportant une liste complète de relevés sous forme écrite, a repris les 24 termes solaires, confirmant ainsi leur pertinence en astronomie et fournissant la base sur laquelle les dynasties successives ont construit leurs propres calendriers officiels.
Fusionné avec le calendrier grégorien, ce modèle transmis de génération en génération a servi de guide à l'agriculture. Liu Xiaofeng, professeur d'histoire à l'Université Tsinghua de Pékin, explique que les termes solaires permettent de prévoir une tendance générale des températures et des précipitations, d'où leur caractère essentiel pour les agriculteurs chinois dans l'utilisation maximale des conditions climatiques.
Les différentes périodes de l'année sont ponctuées de rituels et de festivités dans tout le pays, qui varient selon les régions et les groupes ethniques.
Pendant le terme solaire du Début du printemps (lichun) qui tombe normalement les 3, 4 et 5 février, les gens du comté de Suichang, dans la province orientale du Zhejiang, allumaient des pétards, disposaient des fleurs de prunier dans des pots et offraient aux dieux de la terre des sacrifices cérémoniels entre autres célébrations du printemps. C'était leur façon de se prévenir les uns les autres qu'il était temps de préparer le labourage des champs.
Les cérémonies connues sous le nom de banchun quannong (l'incitation aux activités agraires à l'arrivée du printemps) ont cessé dans la tourmente du début du 20ème siècle. Certains villages les ont fait renaître à partir des années 1980.
Li Ting, auteure d'ouvrages scientifiques très connue et chargée de recherche postdoctorale en physique atmosphérique, dit qu'aujourd'hui les termes solaires ont une importance plus culturelle qu'astronomique. « Les prévisions météo fondées sur des mesures scientifiques sont devenues si poussées qu'elles sont de nature à mieux guider l'agriculture », estime-t-elle. « Toutefois, les termes solaires sont le reflet de la sagesse des anciens Chinois et la connaissance qu'on en a tirée a contribué à une meilleure compréhension des cycles naturels de la vie ».
Les illustrations sont extraites du Livre du temps, de Yu Shicun. Elles ont été réalisées par l'artiste Lao Shu. Droits de reproduction fournis à China Daily. |
Les illustrations sont extraites du Livre du temps, de Yu Shicun. Elles ont été réalisées par l'artiste Lao Shu. Droits de reproduction fournis à China Daily. |