Nan Xun, un étudiant universitaire, commentant en direct sous la pluie un combat de catch dans la province du Henan en octobre dernier, à l'aide de son téléphone mobile. [Zi Jun/for China Daily] |
Des carrières qui n'existaient pas il y a encore quelques années font maintenant vivre des millions de personnes.
Gong Xiaopei, âgée de 21 ans, a tout à fait l'allure d'une hôtesse de l'air dans son tailleur noir ponctué d'une cravate orange et d'un sourire avenant qui indique clairement qu'elle ne demande qu'à vous aider. Mais au lieu d'être dans un avion, elle passe la plupart de son temps à accueillir les passagers arrivant à l'aéroport Capital International de Pékin en tant que « coordonnatrice de transport ».
« Notre travail consiste à aider les gens à trouver le transport qu'ils ont réservé dès leur descente d'avion. La plupart d'entre eux viennent pour la première fois à Pékin », explique la jeune femme, l'une de plus de 170 personnes à avoir obtenu un emploi de ce type. Leurs services sont fortement utilisés par DidiChuxing, la première plateforme chinoise de commande de véhicule avec chauffeur.
Le secteur numérique chinois, en expansion, crée de nouveaux emplois pour des millions de personnes comme Gong Xiaopei. Outre les coordonnateurs de transport, il existe bien d'autres nouveaux intitulés de postes, tels que les « cyber-contacts » qui se font jusqu'à 1 000 yuan (136 euros) par jour en diffusant en direct des conseils en ligne sur des sujets comme les jeux électroniques, des collecteurs de données cartographiques qui circulent en voiture dans toute la Chine pour relever des informations routières, et des spécialistes des achats qui aident les Chinois à acquérir des produits à l'étranger.
Zhang Dayi, un ancien mannequin de 28 ans, est l'une des cyber-vedettes qui ont fait fortune sur le marché numérique en plein essor du pays.
En 2014, elle a ouvert une boutique sur Taobao, le marché en ligne d'Alibaba Group. En proposant aux femmes toute une gamme de conseils en ligne en matière de maquillage, de coiffure et de garde-robe, elle a accumulé plus de 4,5 millions d'adeptes sur SinaWeibo, une version chinoise de Twitter. En novembre dernier, 5 000 vêtements se sont vendus en deux secondes sur la boutique en ligne de Zhang Dayi, soit l'équivalent du total des ventes d'une boutique en dur sur toute une année.
Ces nouveaux emplois ont en particulier beaucoup de succès auprès des jeunes qui privilégient la liberté et la flexibilité au moment de choisir une carrière, estime Shen Meng, directeur de Chanson & Co, une banque chinoise d'investissement spécialisée. « Par rapport aux générations précédentes, qui se préoccupaient essentiellement du salaire, les jeunes s'orientent de plus en plus vers des postes liés à leur marotte », précise-t-il.
En outre, l'économie numérique donne un nouveau souffle à de nombreuses industries traditionnelles que le ralentissement de la croissance a mises en difficulté.
Grâce au commerce électronique, par exemple, le secteur chinois de la logistique en Chine a créé en moyenne 200 000 emplois par an ces dernières années, indique Ma Junsheng, chef de l'administration postale chargée de la règlementation de l'activité.
Selon un rapport du cabinet Boston Consulting Group, en 2015, 113 millions de personnes travaillaient en Chine dans des activités alimentées par l'économie numérique. « Les technologies de l'information continuant de révolutionner la distribution, les spectacles, la finance, la production industrielle et d'autres secteurs d'activité, l'économie numérique en Chine atteindra en volume 16 milliards de milliards de dollars d'ici à 2035, avec à la clé la création cumulative de 415 millions d'emplois », prévoit le rapport. Ce revenu est à comparer avec 1,4 milliard de milliards de dollars en 2015.
« Sans la croissance solide de l'Internet et de l'économie de partage, la Chine aurait connu une pression sans précédent sur l'emploi, détérioré par le ralentissement de la croissance du produit intérieur brut », affirme Zhang Yanshen, directeur de l'Institut de recherche en économie internationale au sein de la Commission nationale du développement et de la réforme. « Les entreprises numériques ne soustraient pas d'emplois aux secteurs traditionnels, elles en créent de nouveaux ».