Des ouvrières travaillent dans une usine de pinceaux au bourg Shanlian dans la province du Zhejiang le 7 août. [Photo/Xinhua] |
Pour Ma Wanbiao, l'odeur la plus familière est celle qui émane d'un mélange fait de colle, de laine et de bois. C'est l'odeur de la fabrication du pinceau, l'un des quatre trésors du lettré chinois traditionnel.
Ma Wanbiao vit au bourg Shanlian, dans l'arrondissement de Nanxun à Huzhou, ville qui est le berceau du pinceau chinois. Huzhou se trouve à 60 kilomètres au nord-est de Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang, où le 11ème sommet G20 a eu lieu l'année dernière. La plupart des enfants du bourg Shanlian ont, comme lui, grandi avec cette odeur.
Dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix notamment, la ville de Huzhou a été très connue pour ses pinceaux. Le seul bourg de Shanlian représentait 20% du marché chinois d'alors avec une production annuelle de 8 millions de pinceaux.
A cette époque-là, avoir l'opportunité de travailler dans une usine de pinceaux était un grand honneur. L'Usine du pinceau de Huzhou de Shanlian comptait alors plus de 500 ouvriers, dont une dizaine de spécialisés dans le lettrage sur les pinceaux.
« Chaque commande était au minimum de 100 000 pinceaux. Un pinceau de bonne qualité coûtait 4 dollars (3,36 euros). L'usine réalisait donc alors chaque année un profit net de 1,2 million de yuans (154 100 euros) provenant de l'exportation », explique Ma Zhiliang, chef de l'usine, soulignant que les commandes étaient tellement nombreuses qu'un retard de livraison était la norme.
Dixième chef de l'usine, M. Ma est très fier de son savoir-faire dans la fabrique du pinceau : 8 grandes phases techniques et 120 plus petites sont nécessaires dans le processus. C'est un travail dur, pour un salaire médiocre, explique-t-il avec un peu d'inquiétude.
Avec le développement scientifique et technologique, le pinceau de Huzhou se trouve confronté à de plus en plus de défis. « Prenez l'exemple du lettrage sur les pinceaux. Il n'y a plus que moi qui connais cette technique dans l'usine, où j'ai commencé à travailler à partir de l'âge de 18 ans. J'ai maintenant 53 ans. Cette technique risque de se perdre », redoute Wu Zhengyi.
Pour résoudre cette question de la pénurie d'ouvriers qualifiés, Ma Zhiliang a tout fait pour faire revenir son fils Ma Wanbiao, qui gagnait sa vie alors dans la ville de Huzhou.
A la pensée de son père qui a voué sa vie à la fabrication de pinceaux, Ma Wanbiao a pris, non sans peine, la décision de rentrer dans son pays natal. « Il doit toujours y avoir quelqu'un pour hériter des techniques traditionnelles », a-t-il indiqué. Patrimoine culturel immatériel du niveau national, le pinceau de Huzhou a commencé à être reconnu sur le marché moderne, après bien des hauts et des bas.
En juin 2015, la province du Zhejiang a défini la liste des premiers 37 bourgs spécifiques du niveau provincial, dont le bourg Shanlian.
Une rue commerçante réunit pratiquement toutes les petites fabriques de pinceaux, qui étaient autrefois dispersées, et qui ont maintenant toutes une boutique donnant sur la rue.
De nombreux nouveaux produits, dignes d'être collectionnés, font leur apparition en masse, tels que les pinceaux faits de manière traditionnelle avec les premiers cheveux des nouveaux nés et les pinceaux commémorant les noces d'or, qui sont tous très demandés, indique Wang Rong'er, patron de la boutique Yongxin.
Pour Ma Zhiliang, une mutation est nécessaire pour revaloriser les pinceaux chinois.
On doit garder à la fois les techniques les plus traditionnelles et développer de nouveaux produits. Par exemple, des pinceaux plus ou moins souples faits à la demande des clients, explique Ma Zhiliang.
« Voilà un bon moyen de tenter de se faire une place sur le nouveau marché, en se basant sur la bonne réputation de tout ce qui est ancien », indique Shen Heyun, patron de la boutique de pinceau Side.
Pour lui, la passion des Chinois pour la culture traditionnelle est permanente, et la culture chinoise a toujours permis au pinceau chinois de survivre.