Zhang Junhai, radiologue à l’hôpital Huashan de Shanghai, lit une image de maladie lors d’un concours organisé le 30 juin à Pékin. [Chen Zebing/China Daily] |
Ce n’était pas la Coupe du monde de football, mais la défaite n’était pas sans ressemblance avec les deux matches perdus le même jour par Cristiano Ronaldo et Lionel Messi.
Un système d’intelligence artificielle (IA) l’a emporté par 2 à 0 contre des médecins appartenant à l’élite de leur profession le 30 juin, à l’issue des deux manches d’un concours organisé à Pékin pour diagnostiquer des tumeurs au cerveau et prédire l’expansion d’hématomes cervicaux.
Du nom de BioMind, le système mis au point par des chercheurs du centre de recherche en intelligence artificielle sur les troubles neurologiques et de l’université Capital Medical, a fait en 15 minutes environ le bon diagnostic dans 87% des 225 cas soumis.
Une équipe de 15 docteurs des meilleurs hôpitaux de toute la Chine a réalisé un score de 66% de bonnes réponses en 30 minutes.
Le système IA a par ailleurs fait les bonnes prédictions dans 83% des cas de développement des hématomes cervicaux, dominant ainsi les médecins dont le taux d’exactitude n’a été que de 63%.
« Je ne suis pas surpris par les résultats », dit Wang Yongjun, vice-président exécutif de l’hôpital Tiantan de Pékin, qui héberge le centre de recherche.
Pour former l’IA, les concepteurs l’ont alimentée de dizaines de milliers d’images de maladies liées au système nerveux que l’hôpital Tiantan a archivées au cours des 10 dernières années, ce qui lui a permis de diagnostiquer des maladies neurologiques ordinaires avec un taux d’exactitude de plus de 90%, comparable à celui d’un médecin chevronné, précise M. Wang.
Cheng Jingliang, professeur de radiologie au First Affiliated Hospital de l’université de Zhengzhou à Zhengzhou, dans la province du Henan, indique que l’IA est utilisée pour aider les médecins à lire les images, notamment des scans de poumons, aux fins de diagnostics dans certains hôpitaux chinois.
Toutefois, l’utilisation de l’intelligence artificielle n’en est qu’à ses débuts en médecine, et l’exactitude des diagnostics fournis par l’IA est encore en retard par rapport aux professionnels de haut niveau dans la plupart des cas, selon M. Cheng.
Paul Parizel, directeur du service de radiologie à l’hôpital universitaire d’Anvers, en Belgique, et membre du jury désigné pour le concours du 30 juin, pense que l’intégration de l’IA dans les services médicaux est une tendance prometteuse. « Ce sera comme un système de navigation guidant une voiture. Il soumettra des propositions au médecin et l’aidera à établir un diagnostic. Mais c’est le médecin qui prendra la décision finale, car interviennent un certain nombre de facteurs qu’une machine ne peut pas prendre en compte, tels que l’état de santé ou la situation de famille d’un patient ».
Article réalisé avec la participation de Xinhua.