Des spécialistes ont confirmé qu’une épave découverte dans les eaux au large de la côte de la province du Liaoning était celle d’un croiseur légendaire envoyé par le fond pendant la Première Guerre sino-japonaise (1894-95).
Le puissant Jingyuan, connu sous le nom de King Yuen à l’époque, était un croiseur cuirassé de la flotte Beiyang, la marine impériale modernisée de la dynastie Qing (1644-1911). Construit en 1887 à Stettin, en Allemagne (ville devenue aujourd’hui Szczecin, en Pologne), le navire avait une longueur de 82,4 mètres et un tirant d’eau de 2 900 tonnes métriques. Il avait été perdu avec trois autres vaisseaux le 17 septembre 1894 lors de la bataille de la rivière Yalu.
Ce sont environ 200 marins présents sur le Jingyuan qui avaient péri ce jour-là, dont le capitaine Lin Yongsheng. Seuls 16 membres d’équipage avaient survécu.
Le 21 septembre dernier, l’administration nationale du patrimoine culturel a fait savoir que les recherches menées depuis le mois de juillet avaient confirmé que le navire reposait sous la mer près de la côte bordant la cité balnéaire de Dalian.
« Nous étions engagés dans une course contre la montre pour identifier l’épave car l’anniversaire de la bataille de la rivière Yalu approchait »,
souligne Jiang Bo, un archéologue du centre national du patrimoine culturel sous-marin qui a dirigé les recherches. Il indique que pour localiser l’épave, on a eu recours à des archives, à des témoignages et à une vieille photo prise par un marin japonais avant que le Jingyuan ne sombre.
Le 15 septembre, les chercheurs mirent la main sur l’élément de preuve le plus important – deux caractères en bois, jing et yuan, recouverts d’une couche d’or, qui pendaient le long d’un bord du navire et qui correspondaient à d’anciennes images du croiseur, précise M. Jiang.
Quelque 500 autres objets, notamment des armes et des effets de tous les jours appartenant aux marins, ont été récupérés au cours de l’opération qui a fait intervenir 50 personnes, dont 15 archéologues sous-marins.
M. Jiang explique que l’épave a été bien préservée du fait que le bâtiment s’est retourné sens dessus dessous en touchant le fond, laissant l’essentiel du pont supérieur enfoui dans le sable. « On constate même que de nombreuses vitres ne sont pas brisées », s’étonne-t-il. « C’est comme une capsule temporelle à l’intérieur de laquelle l’histoire est scellée ».
Le schéma directeur fourni par l’Allemagne a servi de référence pour les études, mais M. Jiang observe que certaines des caractéristiques du navire ne figurent pas dans les plans d’origine, ce qui indique qu’on a procédé à des ajustements visant à rendre le navire prêt pour la bataille.
« Lors de sa construction, le Jingyuan était l’un des croiseurs les plus perfectionnés au monde », affirme M. Jiang. « Même la marine allemande ne possédait pas de navire doté d’autant de technologie moderne. C’est là une référence cruciale qui nous permet de mieux comprendre l’histoire navale mondiale ».
Cependant, pour la plupart des Chinois, la découverte évoquera une période sombre de l’histoire du pays, estime Song Xinchao, directeur adjoint de l’administration nationale du patrimoine culturel.
« Cela nous renvoie à une époque douloureuse, nous rappelant qu’il nous faut rester sur nos gardes et retenir les leçons du passé ».
La flotte Beiyang, presque entièrement composée de navires construits par l’Allemagne et la Grande-Bretagne, était considérée comme la plus forte en Asie. Elle a pourtant été anéantie pendant la Première Guerre sino-japonaise.
À gauche : des chercheurs procèdent au rinçage d’échantillons recueillis sur l’épave du Jingyuan, qui a été découverte au large de la côte bordant Dalian, dans la province du Liaoning. À droite : les caractères en bois recouverts d’une couche d’or – le jing (photo du haut) et le yuan (photo du bas) – confirment que l’épave est celle du navire de guerre légendaire perdu pendant la Première Guerre sino-japonaise. [Photos provided to China Daily] |