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Robotique : la Chine recherche des alliances

Par Ma Si(China Daily) 26-10-2018

Robotique : la Chine recherche des alliances

Interaction entre un garçon et un robot le 16 août à la World Robot Conference à Pékin. [Luo Xiaoguang/Xinhua]

Les innovateurs, les entreprises et les investisseurs mettent en relief l’intérêt de partenariats planétaires.

Dans un entrepôt de Tokyo s’étendant à perte de vue, plusieurs robots fabriqués par la société chinoise HIT Robot Group sont occupés à saisir des marchandises et à les placer sur les étagères. Équipés de détecteurs et de logiciels de reconnaissance d’image, ils trouvent intuitivement leur chemin dans les allées entre les étagères, choisissant des trajets en ligne droite sans obstacles qui se traduisent par des gains de temps et d’efficacité, contrairement à des travailleurs humains qui pourraient zigzaguer inconsciemment.

« Au Japon, les coûts de la main d’œuvre sont très élevés compte tenu du rétrécissement de la réserve de population active », explique Yu Zhenzhong, premier vice-président de HIT Robot Group (HRG).

« La demande concernant les employés dans les entrepôts varie également en fonction de l’alternance entre la haute saison et la période creuse du commerce en ligne. Nos robots solutionnent le problème grâce à des coûts opérationnels plus faibles et une plus grande efficacité ».

Du fait des progrès constants de la recherche et du développement, les fabricants de robots chinois tels que HRG s’internationalisent de plus en plus et expédient leurs produits vers des marchés étrangers. En même temps, ils aident des entreprises étrangères à mieux exploiter le potentiel en Chine, premier marché au monde des applications en matière de robotique, ce qui permet d’intensifier les échanges mondiaux.

« La coopération internationale est d’une importance cruciale pour construire une chaîne industrielle de robotique bien organisée à l’échelle mondiale », souligne M. Yu. « En communiquant fréquemment, on se donne les moyens de produire de nouvelles idées en matière de technologies de pointe ».

Selon lui, l’entrecroisement croissant entre les robots, l’intelligence artificielle et les autres technologies fait que les entreprises chinoises et leurs homologues étrangères sont conscientes de la nécessité d’aller au-delà de la concurrence pure et dure. Au lieu de quoi, elles s’efforcent de cultiver une mentalité de « gagnant-gagnant » qui se signale par des intérêts partagés et l’intention de profiter pleinement de l’expertise réciproque en vue d’un développement rapide.

À cette fin, HRG s’associe à des multinationales qui sont des poids lourds de la fabrication de robots, tels que le groupe ABB Suisse. Les entreprises de ce type recherchent l’intégration des systèmes de robotique permettant d’offrir de meilleures solutions adaptées aux besoins locaux dans des secteurs variés.

HRG, située à Harbin dans la province du Heilongjiang, fait par ailleurs équipe avec des entreprises israéliennes pour la recherche et le développement dans le domaine des drones. L’espoir de ces sociétés est de puiser mutuellement dans leur expertise réciproque.

La recherche du resserrement des liens correspond à une tendance en Chine. Les responsables gouvernementaux, les entrepreneurs et les experts se prononcent tous en faveur d’une intensification de la collaboration internationale dans le secteur en plein essor de la robotique.

Miao Wei, ministre de l’industrie et de la technologie de l’information, l’organisme de surveillance de l’industrie du pays, a indiqué que la Chine allait augmenter les ressources affectées au renforcement de la coopération internationale dans le cadre de ses efforts visant à l’édification d’une activité robotique qui soit mondialement compétitive, et à l’accélération de l’utilisation de machines intelligentes dans la production manufacturière, les soins de santé et d’autres secteurs.

« En tant que premier marché mondial de robots, la Chine invite sincèrement les entreprises étrangères à participer à la possibilité stratégique de construire conjointement un écosystème industriel planétaire »,a déclaré M. Miao lors de la World Robot Conference (conférence mondiale sur la robotique) qui s’est déroulée en août à Pékin en présence de plus de 160 sociétés représentant plus de 15 pays.

Le ministère va prendre des mesures visant à encourager une collaboration plus large entre les entreprises chinoises, leurs homologues internationales et les universités étrangères dans la recherche technologique, le développement de produits et l’enseignement technique, fait savoir M. Miao.

Voilà qui reviendrait à tirer parti des résultats obtenus au cours des cinq dernières années, qui ont vu l’industrie robotique chinoise croître d’environ 30% par an.

L’an dernier, ce secteur représentait 120 milliards de yuan (15 milliards d’euros), selon le bulletin d’analyse 2018 du secteur de la robotique en Chine, publié conjointement par HIT et l’institut chinois de l’évaluation scientifique et technologique, un institut de recherche.

La Chine est devenue le premier marché mondial de robots industriels en 2013, qui l’a vue dépasser le Japon, selon la Fédération internationale de la robotique. L’an dernier, il s’est vendu dans le pays plus de 140 000 robots utilisés sur les chaînes d’assemblage, un chiffre en hausse de 58% en année glissante.

Pour autant, la densité de robots, un indicateur qui mesure le degré d’automatisation d’un pays, est plus faible en Chine que dans de nombreuses autres économies, ce qui laisse entrevoir de fortes perspectives de croissance.

En 2016, la densité de « robots travailleurs » en Chine était de 68 unités pour 10 000 individus, plaçant le pays au 23ème rang mondial, en dessous de la moyenne de 74 unités pour 10 000 individus.

Karel Eloot, associé principal au sein du cabinet-conseil McKinsey & Company, fait l’estimation suivante : « Nous prévoyons qu’en 2020, la demande chinoise en matière de robots représentera 40% de la demande mondiale. Sa croissance produira un marché gigantesque pour les fabricants de robots ».

Qu Daokui, président de Siasun Robot & Automation Co, voit les choses ainsi : « Pour mieux se préparer aux chances à saisir en Chine même, les entreprises chinoises doivent se mondialiser. Le secteur de la robotique est tellement mondialisé et évolue si rapidement que personne ne sait à quoi ressemblera un robot dans cinq à sept ans. Si nous gardons les yeux rivés seulement sur le marché national, nous allons disparaître ».

Siasun Robot cherche à acquérir en Europe et aux États-Unis des leaders de la technologie robotique de pointe. Les acquisitions pourraient se chiffrer à plus d’un milliard de dollars.

De la même façon, HRG a créé un fonds de capital-risque en vue d’investir dans des jeunes pousses prometteuses aux États-Unis.

Le fabricant chinois d’appareils ménagers Midea Group a pris une participation majoritaire dans le fabricant de robots allemand Kuka GA.

« D’une manière générale, comme la chaîne industrielle de la robotique fait intervenir de nombreuses catégories et de nombreux domaines, il est difficile, voire impossible, pour un seul pays d’être un ‘champion toutes catégories’ qui contrôle pleinement tout le secteur », affirme M. Qu. « Au contraire, les pays tendent à se spécialiser dans un domaine et à s’appuyer sur les importations dans les autres. C’est aussi la raison pour laquelle la collaboration internationale est si importante ».

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