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Inscription du site archéologique de Liangzhu à Hangzhou sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO

Par Wang Kaihao(China Daily) 19-07-2019

Inscription du site archéologique de Liangzhu à Hangzhou sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO

Des reliques déterrées des ruines. [Weng Xinyang/Xinhua]

Le site des ruines néolithiques de Liangzhu à Hangzhou est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO.

A l’école, les étudiants chinois ont appris que la civilisation chinoise date plus de 5000 ans. Mais cela était difficile à en expliquer plus.

Maintenant, un artifact en jade surnommé le « roi des cong », déterré dans les ruines situées dans le quartier de Liangzhu à Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang (est de la Chine), a fourni une réponse. Les cong de Liangzhu sont de grands vases rituels finement ciselés en jade.

D'après la datation au carbone 14, cet objet pèse 6,5 kilogrammes, et porte des motifs décoratifs et des emblèmes sacrés qui font remonter à 5 300 ans.

C'est le plus grand et le sophistiqué des ornements de tous les cong- un objet de jade sculpté, de forme tubulaire, datant de l'âge néolithique - de Liangzhu.

Dans le monde de nos jours, cet objet est reconnu pour son site des Ruines Archéologiques de Liangzhu inscrit sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO le 6 juillet au cours de la 43ème session du Comité du patrimoine mondial tenue à Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, portant à 55 le nombre total de sites chinois inscrits dans la liste.

Par contre, le site présente plus que les instruments de jade. La zone principale, répartie sur 14,3 kilomètres carrés dans le district de Yuhang à Hangzhou, qui comprend non seulement les fouilles d'une ville mais aussi 11 barrages et plusieurs cimetières, date de 5 000 années. Les preuves archéologiques montrent que la ville de Liangzhu a été habitée pendant environ 1 000 ans.

« Les découvertes archéologiques de Liangzhu (3300-2300 avant J.-C.) révèlent un Etat régional doté d'un système de croyances unifié et soutenu économiquement par la riziculture la fin du Néolithique en Chine », selon le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO.

« Ces vestiges représentent aussi une civilisation urbaine ancienne avec des fonctions et des structures complexes telles que les monuments en terre, la planification urbaine, un système de conservation de l'eau et une stratification sociale observée dans des sépultures différenciées dans des cimetières. »

D’après Liu Bin, directeur de l'Institut des reliques et d'archéologie culturelles de la province du Zhejiang, la section interne des ruines de la cité antique couvre une superficie de 2,8 kilomètres carrés, soit cinq fois la surface de la Cité interdite à Pékin, et la périphérique extérieure s'étend sur 6,3 kilomètres carrés.

M. Liu a déclaré qu'il s'agissait du plus grand site de ruines d'une ville de son époque en Chine et également l'une des plus grandes villes de son époque au monde.

Sa contrepartie d'Uruk, ville de l'ancienne Mésopotamie dans le sud de l'Irak, date de 5 800 à 4 000 années et couvre une superficie de 810 000 mètres carrés.

Inscription du site archéologique de Liangzhu à Hangzhou sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO

Le « roi des cong » datant de 5 300 années et pesant 6,5 kilogrammes, un objet en jade doté de motifs décoratifs et d'emblèmes sacrés, a été déterré dans une fosse dans le cimetière de Fanshan à Liangzhu en 1986. [Wang Kaihao/China Daily]

Au centre-ville de Liangzhu se trouve Mojiaoshan, un emplacement mitoyen artificiel couvrant près de 300 000 mètres carrés. Les fondations de 35 maisons ont été découvertes sur la terrasse située de hauteur de 12 ou 16 mètres du sol.

« Celle-ci était probablement le site d'un palais complexe où des gouverneurs ont vécu », selon M. Liu. « Vous pouvez imaginer à quel point cela a été magnifique ».

Malgré cela, des milliers d'années d'activités humaines dans la région ont considérablement transformé le paysage de ce site immense. L'équipe de M. Liu a utilisé un drone et et une carte de télédétection par satellite pour dessiner le relief et la silouette de la cité.

En 2007, les travaux d'excavation ont mis au jour des remparts en terre d'une largeur allant de 20 à 100 mètres, avec des fondations en pierre.

La ville est confrontée à une crise démographique, avec des vestiges de résidences trouvées sur les remparts montrant que les habitants avaient besoin de plus d'espace de vie. Un canal de 50 mètres de large dans la ville a été progressivement réduit à 20 mètres parce que les habitants sortaient leurs poubelles là-dedans.

« Notre compréhension de la ville de Liangzhu n'a cessé de s'améliorer grâce aux études archéologiques qui poursuivent », a-t-il accentué. « Après des années de recherches dans la région, nous avons relié les sites individuels pour former une image globale ».

En 1936, lors d'une enquête archéologique à Liangzhu, dans le district de Yuhang, plus de dix sites néolitiques ont été découverts, permettant ainsi la découverte de poteries noires. Certains sites similaires ont été découverts dans les années 1950 dans la province voisine de Jiangsu (est) et à Shanghai autour du lac Taihu. Les archéologues ont créé le terme « la culture de Liangzhu » pour les décrire.

Malgré d'autres découvertes, aucun objet funéraire de haut niveau, tel que des artifacts en jade, n'avaient été exhumés dans la province du Zhejiang depuis longtemps.

Lors de la construction d'une usine sur un site dans le bourg de Fanshan, comté de Cangnan dans le Zhejiang, une ruine archéologique présumée aurait été découverte sous terre. M. Liu y est pour mettre la découverte à l'épreuve.

« Je ne m'étais jamais attendu à découvrir un tel trésor de jade », déclare-t-il.

Inscription du site archéologique de Liangzhu à Hangzhou sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO

Un parc à Liangzhu représentant les ruines. Un service de réservation pour la visite a été mis en ligne le 6 juillet. [Wang Chuan/pour China Daily]

Le « roi des cong » a été déterré là-bas. Dans le cimetière de Fanshan, 11 tombes contenant 1 200 artefacts, dont 90% en jade, ont été découvertes. En 1987, 12 autres tombes ont été mises au jour sur un site dans le canton de Yaoshan, vraisemblablement les ruines d'un autel, où plus de 700 artefacts de jade ont été fouillés.

« Ces découvertes ont lancé une nouvelle ère », selon M. Liu. « L'emblème sur ces artifacts nous a beaucoup aidé pour comprendre la signification culturelle du jade de cette époque ».

L'emblème - un motif d'une masque d'une divinité en forme humaine chevauchant un animal -, est omniprésent sur des objets en jade enfouis dans les tombes de la culture Liangzhu. Le culte de cette divinité n'a jamais cessé au cours de ses 1000 ans d'histoire.

« Contrairement à la majorité des totems précoces, qui étaient simplement des animaux ou des signes naturels, ceux de Liangzhu montrent que les gens avaient l'intention de conquérir la nature », explique M. Liu.

En comparant les emblèmes trouvés au fil du temps sur des sites liés à la culture Liangzhu, les archéologues ont découvert que ceux dotés de caractéristiques humaines remplacaient éventuellement sur d’autres motifs tels qu'animal.

« Le jade est un indicateur du statut social, pas seulement pour la décoration », dit-il. « Il représente un royaume avec une autorité combinée de divinité et de royauté ».

Il suppose que le « roi des cong » appartenait à un dirigeant, qui était probablement aussi un chef religieux.

En plus des cong, des artefacts creux en forme de disque, appelés bi, illustrant l'élégance des femmes, ainsi que des objets en forme de hache appelés yue - « symboles du pouvoir » -, sont également des trésors typiques de Liangzhu, qui se sont révélés être des objets clés des rituels de la Chine ancienne.

En chinois, Liangzhu se traduit par « belle île » et cette culture était intimement liée à l'eau.

Inscription du site archéologique de Liangzhu à Hangzhou sur la Liste du patrimoine mondial de l'UNESCO

Une vue panoramique du parc des ruines archéologiques à Liangzhu, ville de Hangzhou, capitale de la province du Zhejiang. [Jiang Yangbo/pour China Daily]

Par exemple, parmi les neuf sites du patrimoine découverts à la porte de la ville, huit fut construits au-dessus de l'eau, tandis que des recherches menées entre 2010 et 2016 ont révélé un système de barrage complexe.

Wang Ningyuan, chercheur à l'Institut des reliques et d'archéologie culturelles de la province du Zhejiang, a expliqué : « ce système pour la préservation de l'eau était essentiel pour le peuple dans la cité de Liangzhu. Il maîtrisait non seulement les inondations, mais, à une époque sans véhicules et sans chevaux domestiqués, les cours d'eau constituaient le principal mode de transport pour les habitants ».

Les voies navigables de la région montagneuse n'auraient peut-être pas pu accueillir de grands navires, mais l'eau retenue par les 11 barrages s'accumulait dans un réservoir artificiel, qui couvrait une superficie estimée à 13 kilomètres carrés, soit environ deux fois celle du lac de l'Ouest de Hangzhou, selon M. Wang. Certaines parties du réservoir sont toujoures en service.

Il y avait un réseau de canaux d'une longueur totale de 32 kilomètres et, comme la ville était construite au-dessus des marais, tous les matériaux de construction devaient être transportés via le canal en dehors de la ville.

M. Wang a également fouillé des sites près des barrages qu'ils pensent utilisés pour la culture du riz. D'après lui, le réservoir était probablement utilisé pour l'irrigation. En 2017, les ruines d'un grande brûlée ont été découvertes à proximité du site de Mojiaoshan, comprenant environ 200 000 kg de riz carbonisé.

« Liangzhu est un exemple unique de civilisations à une époque précoce dans le monde, dont l'économie reposait sur la culture du riz, tandis que d'autres civilisations étaient principalement nourries par le blé », affirme M. Wang.

Li Boqian, professeur d'archéologie à l'Université de Pékin, a déclaré que l'accent mis anciennement sur la conservation de l'eau en Chine pourrait être un héritage de la ville de Liangzhu.

L'eau a non seulement amené la prospérité, mais il a mis à sa fin. Liangzhu a été abandonnée il y a 4 300 années. Bien que les archéologues ne soient pas sûrs de la raison, l'explication la plus courante est la déluge, une théorie qui a été soutenue par MM. Liu et Li.

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