En tant qu’ingénieur qui travaillait pour une entreprise de fabrication de semi-conducteurs dans le parc hi-tech de Zhangjiang à Shanghai, Zhang Ling touchait un bon salaire et vécut une vie confortable. Il faisait l’objet de d’envie pour beaucoup de ses pairs.
Mais après 11 ans dans la société, Zhang Ling a abandonné cette « carrière parfaite » en 2012 pour lancer officiellement sa propre entreprise.
Son projet entrepreneurial était celui qui a laissé ses amis et les membres de sa famille sidérés – c’était un club de triathlon.
« J’ai monté ce club parce que j’aime cette longue course et j’y ai consacré tellement de temps. Pour moi, participer aux triathlons n’est pas seulement un hobby, c’est un mode de vie », a-t-il raconté.
En 2012, le jogging commençait tout juste à devenir populaire parmi les Chinois. Les triathlons, en revanche, étaient presque inconnus.
Mais suite à une explosion d’intérêts aux sports il y a quelques années, Shanghai abrite aujourd’hui une vingtaine de clubs de triathlon avec environ 20 000 amateurs de triathlon, Zhang Ling a ajouté.
Son entreprise, le Shanghai Triathlon Club (STC), tire ses revenues par le biais de la formation de ses membres individuels et d’entreprises, de l’organisation de concours et de la vente d’équipements. Le club ne comptait que des dizaines de passionnés de triathlon tout au début. Aujourd’hui, le nombre de membres est passé à plus de 10 000. Environ 2 000 de ces membres sont des coureurs actifs.
Le triathlon est devenu de plus en plus populaire en Chine. [Photo fournie à China Daily] |
Le charme de la course
Par rapport à d’autres sports tels que la course, le triathlon exige des conditions physiques plus étendues comme il implique trois disciplines, dont la course, le cyclisme et la natation, a déclaré Xu Chao, 30 ans, membre du club STC ainsi qu’un entraîneur de triathlon à temps partiel.
« Pour des coureurs de marathon, s’entraîner sept heures par semaine pourrait être suffisant, mais pour les coureurs de triathlon, même dix heures ne sont pas suffisantes si vous cherchez à vous améliorer », selon Xu Chao, qui a commencé à pratiquer le triathlon en 2015 après avoir trouvé le marathon sans aucun défi.
L’année dernière, Xu Chao a accompli cinq courses à travers la Chine, dont un concours de 113 kilomètres qu’il a terminé en quatre heures et 50 minutes, ce qui pourrait être considéré impressionnant pour un amateur comme lui. Les meilleurs triathlètes accomplissent généralement ce genre de course en moins de quatre heures.
En avril 2019 il a participé à sa course la plus longue, une compétition Ironman s’étalant sur 226 km, et a terminé à la troisième place de son groupe d’âge après 12 heures. Le record du parcours masculin est moins de huit heures.
« C’était une véritable épreuve et j’avais besoin de quelques jours pour me remettre de la fatigue, mais le sentiment de franchir la ligne d’arrivée était incroyable », a-t-il ajouté.
Xu Chao, un membre du Shanghai Triathlon Club, et sa femme vers la ligne d’arrive dans une épreuve de triathlon. [Photo fournie à China Daily] |
Équilibrer la clé du succès
Pour Xu Chao, l’attrait de triathlons n’est pas dans le défi physique, mais dans la stratégie impliquée pour s’assurer que le corps est capable d’endurer la distance.
« Le charme unique du triathlon est qu’on doit faire fonctionner son cerveau pour comprendre chaque section et ajuster de façon continuelle votre stratégie de rythme afin de pouvoir compléter chacun des trois segments dans un délais minimum. »
« Les trois segments de triathlon exige l’usage de différents muscles. Comme ça, vous devez savoir à quel point chaque partie du corps doit travailler dur dans chaque phase. C’est là que réside le plaisir. »
Il a expliqué : lorsque l’on met les pieds dans l’eau cela pourrait aider un triathlète à nager plus rapidement, cette action affecterait également la vitesse à laquelle il pédale dans la phase suivante. L’intensité du cycle influencerait en revanche les performances du triathlète dans la dernière phase, la course.
En plus de trouver un équilibre dans la façon dont on dépense ses énergies à travers la course, les triathlètes doivent également maintenir un équilibre dans leur entraînement, a déclaré Zhang Ling, qui est aussi le vice-président de la Fédération de triathlon de Shanghai.
« Ne faites jamais d’entraînement excessif pour un certain segment. Vous devez essayer de trouver votre propre équilibre entre la natation, le cyclisme et la course », a-t-il ajouté.
« Le triathlon est plus compliqué que d’autres sports parce que vous avez à trouver l’équilibre entre l’entraînement, la vie sociale et le travail », a-t-il ajouté.
En raison des demandes du sport, les passionnés doivent s’entraîner tous les jours. Comme ça, le triathlon est naturellement devenu plutôt un mode de vie que de sport.
Le triathlon est devenu de plus en plus populaire en Chine. [Photo fournie à China Daily] |
Pas un sport économe
Cependant, les dépenses de triathlon ne se limitent pas seulement dans le temps – des triathlètes doivent également dépenser une somme considérable d’argent pour poursuivre ce sport.
Alors que les amateurs de course ne nécessitent que de la tenue vestimentaire et des chaussures de course appropriées, un triathlète a également besoin d’un vélo, et un bon modèle de vélo coûte généralement des milliers de yuans. Les modèles haut de gamme peuvent même coûter plusieurs fois plus cher.
De plus, il existe aussi le coût d’entretien lié au vélo.
Partir dans un autre pays ou une autre ville pour prendre part à un concours et les frais supplémentaires associés au transport de l’équipement nécessaire ajoutent également à l’ensemble des coûts.
Par exemple, Xu Chao et sa femme ont dépensé environ 80 000 yuans (10 400 euros) en 2019 juste pour participer aux épreuves de triathlon.
Selon Wang Liang, un employé du club STC, les dépenses pour accomplir un concours de triathlon sont principalement la raison pour laquelle la plupart des participants ont entre 30 et 50 ans et leurs familles gagnent plus de 400 000 yuans par an.
Bien que ce soit un sport coûteux à poursuivre, le triathlon devient de plus en plus populaire en Chine. Zhang Chaohui, directeur général de Beijing Sanfo Outdoor Sports Co Ltd, a souligné que le nombre de participants amateurs au triathlon en 2019 avait augmenté d’environ 40% par rapport à l’année précédente. Le nombre de compétitions organisées en 2019 avait également connu une hausse.
Parmi ces compétitions il y a un événement qui se déroule dans le district de Jinshan à Shanghai, lequel dispose d’un littoral de 23 km. Organisée par le club STC, la compétition est l’une de principaux événements sportifs de la métropole, attirant chaque fois environ 1 000 participants amateurs et professionnels.
Selon M. Wang, le triathlon de cette année – la septième édition – aura lieu en mai, et plus de 1 000 personnes se sont inscrites au cours de la première semaine de l’enregistrement. Il a ajouté que l’objectif était d’augmenter la capacité de l’événement dans le futur, en la faisant passer de 2 000 participants actuels à 5 000, un chiffre qui est courant pour les événements de ce genre dans les pays étrangers.
« La popularité des courses Ironman n’a pas encore atteint le sommet en Chine. Pour l’instant, nous devons nous concentrer sur le développement d’une base solide pour la croissance future de ce sport », a ajouté Zhang Ling.
« C’est pareil que le fabrication du vin, le triathlon a également besoin de temps pour se développer. »