Les créateurs du documentaire chinois sont confrontés à des difficultés et des perspectives, suggère un rapport annuel de l’Université normale de Pékin.
Ils ont rapporté 6,66 milliards de yuans (869 millions d’euros) en 2019, une augmentation de 3,3% par rapport à l’année précédente, selon le rapport d’étude sur le développement des documentaires chinois (2020) initié par Zhang Tongdao, un réalisateur de documentaire chevronné et professeur spécialisé dans le domaine des médias à l’Université normale de Pékin. L’étude a reçu du soutien des universitaires à l’échelle chinoise.
Le secteur a enregistré une croissance la plus lente pendant une décennie.
Les performances insatisfaisantes des documentaires sur grand écran sont le plus grand obstacle, a déclaré M. Zhang.
Le documentaire « The Journey of Chinese Plants » suit l’évolution botanique de la Chine qui influence le reste du monde. [Photo fournie à China Daily] |
Ils n’ont généré que 149 millions de yuans sur le marché chinois l’année dernière, soit une baisse de 72% par rapport à 2018. Il s’agit du montant le plus bas depuis 2016.
Seul 19 documentaires produits en Chine ont été projetés dans les cinémas traditionnels, générant 53,2 millions de yuans de recettes au box-office.
Le film « Four Springs » (littéralement : les quatre printemps) arrive en tête de liste avec 11,5 millions de yuans.
Le documentaire, dans lequel le réalisateur enregistre des réunions de famille avec ses parents dans sa ville natale dans la province du Guizhou au fil des ans, reflète l’évolution de vie à travers des moments heureux et désorientants.
Il a été étrillé par les spectateurs sur le site internet Douban.com, la principale plate-forme de critique de cinéma en Chine, où il a obtenu la note de 8,9/10.
Un nombre croissant de documentaires sur le grand écran abordent des thèmes tels que l’éducation, la musique traditionnelle et l’esprit d’entrepreneuriat.
« Les documentaires chinois de qualité ont de larges répercussions sociales », a déclaré M. Zhang.
« Et divers formats reflètent également la complexité et la richesse sociales du pays. Malheureusement, ces clous ne se sont pas traduits par des recettes au box-office », a ajouté M. Zhang.
Il a attribué la déception aux pressions économiques auxquelles de nombreux producteurs ont été confrontés et à une image généralement sombre en termes de salles de projection de documentaires dans le monde.
Il a souligné que seuls deux documentaires de langue anglaise dans le monde ont gagné plus de 20 millions de dollars (18,5 millions d’euros) en 2019 - le « Free Solo » couronné de l’oscar du meilleur film documentaire et le « They Shall Not Grow Old » sur la Première Guerre mondiale.
L’équipe de M. Zhang a fait le rapport annuel depuis 20009. Les résultats du rapport de cette année ont été publiés pour la première fois en direct le 19 avril.
Il a déclaré que de nombreux documentaires télévisés créés pour célébrer le 70ème anniversaire de la fondation de la Nouvelle Chine servent de démonstrations clés du développement historique du pays.
Certains pourraient être qualifiés d’« exceptionnels au niveau mondial » dans leurs genres respectifs, estime le réalisateur.
Le film « Four Springs », présentant un couple de personnes âgées, reflète les changements de vie à travers des moments heureux et désorientants. [Photo fournie à China Daily] |
Par exemple, le documentaire intitulé « The Journey of Chinese Plants » (littéralement : le voyage des plantes chinoises), qui raconte comment les plantes chinoises se propagent dans le monde entier, s’enracinent et poussent dans différents lieux, peut montrer une étape majeure pour les documentaires chinois sur la nature, qui sont souvent considérés comme une insuffisance de productions chinoises par rapport aux thèmes basés sur l’humanité. Il est noté 8,8/10 sur la plate-forme Douban.
Et « Life Matters » (littéralement : la vie compte), qui capture la résilience physique et psychologique des patients dans les hôpitaux, a également reçu des éloges.
Par contre, « la vie n’est généralement pas facile pour les réalisateurs de documentaires télévisés » aujourd’hui, alors que les plate-formes en ligne montent sur scène.
Le rapport montre que les 10 documentaires télévisés les plus populaires l’année dernière en Chine n’avaient aucun croisement avec les 10 meilleures productions en ligne.
« L’écart entre les goûts des téléspectateurs et des internautes se creuse », a-t-il ajouté.
Pourtant, les plate-formes de livestreaming offrent des opportunités.
L’équipe de M. Zhang a découvert qu’environ 1,3 milliard des quelque 5 milliards de yuans d’investissements dans les documentaires chinois provenaient de plate-formes en ligne, soit une augmentation de plus de 18% en glissement annuel.
Youku, plate-forme de vidéos en ligne, a produit au total 260 heures de documentaires originaux. Tencent a réalisé environ 23 épisodes. Et ceux-ci représentent environ un tiers de leur production totale mise en ligne l’année dernière.
« Quelle que soit l’évolution des méthodes de narration, les documentaires abordent toujours les sujets autour de ce qui change dans notre vie et de ce qui reste inchangé », a déclaré Gan Chao, vice-président et superviseur en chef des documentaires de Youku.
« Mais les formats peuvent être créatifs. »
« Flavourful Origins » fait partie des productions populaires sur la nourriture. [Photo fournie à China Daily] |
La nourriture reste le thème le plus cherché dans le domaine de documentaires en ligne en Chine.
Certaines productions qui font l’objet des louanges comme « Flavorful Origins » (littéralement : les origines savoureuses) ont été introduites sur des plate-formes internationales comme Netflix.
Lu Di, professeur des médias à l’Université de Pékin, a dit que les producteurs chinois devraient regarder au-delà des sujets clichés et établis, même si ce sont souvent des sujets éclaireurs pour les marchés internationaux.
« Il vaut mieux ne pas se reposer sur des lauriers », a expliqué M. Lu.
« Mais les documentaires chinois d’aujourd’hui qui sont diffusés à l’étranger sont toujours dominés par la Cité interdite, la Grande Muraille, les paysages naturels et la cuisine. Nous ne pouvons pas seulement rechercher des résultats à court terme. »
M. Zhang croit également que l’accent mis sur la coopération mondiale dans la production de documentaires aujourd’hui peut reléguer certains sujets sociaux.
« Les considérations commerciales et culturelles devraient être mieux équilibrées », a-t-il ajouté.
« Nous constatons parfois que nos émotions deviennent moins profondes au fur et à mesure que nous éprouvons les joies à travers des écrans. Cela exclut certaines âmes solitaires, dont les histoires méritent d’être enregistrées. »
Le directeur de la chaîne du documentaire de la China Central Television (CCTV) a dit : « nous avions l’habitude de toujours présenter le plus beau côté de la nature à l’écran. Mais maintenant, tous les films sur la nature sont enveloppés par les impacts des activités humaines. La réalité est cruelle, mais elle nous invite à choisir une autre voie. »
Bien que la pandémie de COVID-19 mette la société en retard, elle peut présenter une opportunité pour les documentaires. Alors que le rapport annuel de M. Zhang était axé sur le développement de l’industrie au cours de l’année précédente, la dernière édition comprend un chapitre sur les productions récentes sur l’épidémie.
« De courtes vidéos avec des histoires personnelles touchantes sont devenues particulièrement courantes au moment de l’épidémie », a ajouté M. Zhang.
« Dans une pandémie, des images rationnelles disant la vérité dissolvent la panique et empêchent les confrontations causées par la désinformation. On nous rappelle à nouveau que les documentaires ne concernent pas seulement l’enregistrement mais aussi la réflexion. »
Par exemple, la série documentaire de 34 épisodes de CCTV intitulée « Wuhan: My Diaries Fighting Against Virus » (littéralement : Wuhan : mes journaux de la lutte contre le virus) enregistre des moments doux dans la vie des gens ordinaires pendant le verrouillage dans la ville la plus touchée en Chine. Chaque vidéo dure environ cinq minutes.
« Les documentaires ne peuvent pas être absents dans cet événement qui affecte chaque personne dans le monde », a déclaré M. Shi.
« Parfois, nous montrons simplement comment les gens recherchent des endroits pour se faire couper les cheveux ... Mais cela nous aide à explorer, à mélanger la vitesse et la profondeur dans la production documentaire. »
« Malgré la perte et les dilemmes de la crise, les cinéastes ont également de nombreux angles nouveaux et des éléments inattendus à observer dans la société. Cela peut signifier que de nombreuses productions plus inspirantes et exceptionnelles peuvent fournir des rétrospectives et explorer le sens de la vie. »