Une sonde à destination de Mars transportée par une fusée Longue Marche-5 décolle du Centre de lancement spatial de Wenchang, dans la province insulaire de Hainan (sud de la Chine), le 23 juillet 2020. [Yang Guanyu/Xinhua] |
Le lancement réussi le 23 juillet par la Chine de sa première mission vers Mars a attiré l'attention du monde entier à l'heure où le pays asiatique fait ses premiers pas dans son exploration planétaire du système solaire.
La sonde martienne Tianwen-1 a pour objectif de se placer sur orbite, d'atterrir et de se déplacer sur la planète rouge au cours de la même mission.
Composée d'un orbiteur, d'un atterrisseur et d'un rover, cette mission est « la chose la plus ambitieuse que l'on puisse tenter du premier coup », observe John Logsdon, expert en politique spatiale à l'université George Washington.
Les scientifiques chinois se préparent à d'autres missions de la série Tianwen, notamment pour ramener des échantillons de roche de Mars et d'un astéroïde, survoler Jupiter et explorer les marges de la vaste héliosphère du soleil. Mais déjà si Tianwen-1 atteint Mars comme prévu, « cela donnera une place importante à la la Chine dans l'exploration spatiale », selon M. Logsdon.
« La mission sur Mars placerait la Chine parmi les leaders de l'espace », estimait le magazine Science le 25 juin dernier. « Un atterrissage sur Mars constitue l'un des plus grands défis pour un vol spatial ».
Tianwen (Questions au ciel) tire son nom d'un poème écrit par Qu Yuan (environ 340-278 av. J.-C.), l'un des plus grands poètes de la Chine ancienne. Ce nom traduit la persévérance de la nation chinoise dans la recherche de la vérité et de la science et dans l'exploration de la nature et de l'univers, a expliqué l'Administration nationale chinoise de l'espace (CNSA).
Cette « quête de la vérité céleste » repose sur une mission alliant orbiteur, atterrisseur et rover, un trio pesant cinq tonnes qu'aucune nation n'a réussi à rassembler lors de sa première tentative de conquête de Mars, a noté Science.
Une fusée Longue Marche-5, le plus gros lanceur chinois, s'est envolée jeudi à 12h41 heure locale du pas de tir de Wenchang sur l'île de Hainan (sud). Environ 36 minutes plus tard, Tianwen-1 a été envoyé sur l'orbite de transfert Terre-Mars, s'engageant dans un voyage de près de sept mois vers la planète rouge, selon la CNSA.
« Tianwen-1 va mettre en orbite sur Mars, se poser et éjecter un rover, tout pour le premier essai, et coordonner les observations avec un orbiteur. Aucune mission planétaire n'a jamais été mise en œuvre de cette façon. En cas de succès, cela signifierait une avancée technique majeure », a précisé un article d'opinion publié dans la revue hebdomadaire internationale Nature.
Deutsche Welle (DW), la chaîne allemande de radio internationale, a indiqué que la mission sur Mars était « ambitieuse », non pas en raison de l'inclusion d'un orbiteur et d'un rover sur Mars, mais aussi parce qu'il n'a fallu à la Chine que quelques années pour réaliser la planification initiale, la conception de la mission et le lancement en juillet 2020.
« Comme pour de nombreuses missions sur Mars, Tianwen-1 vise à en apprendre davantage sur la planète rouge. Grâce à cette mission, les scientifiques en connaîtront davantage sur notre propre planète », a ajouté la DW.
Les objectifs scientifiques de Tianwen-1 comprennent la cartographie de la morphologie et de la structure géologique de Mars, l'étude des caractéristiques de la surface du sol, et de la structure de la glace, l'analyse de la composition du matériau de la surface, la mesure de l'ionosphère, et les caractéristiques du climat et de l'environnement de Mars en surface, ainsi que la perception du champ physique et de la structure interne de Mars.
« Un lancement réussi ne constituera que la première étape de la mission de la Chine sur Mars. Nous espérons que chacune des nombreuses étapes clefs du long voyage sera réussie », a déclaré Geng Yan, responsable du Centre d'exploration lunaire et du programme spatial de la CNSA.
Les étapes majeures comprennent le ralentissement à proximité de Mars, la mise en orbite, la séparation de la plate-forme d'atterrissage et du rover de l'orbiteur, l'atterrissage en douceur et le fonctionnement du rover.
L'engin devrait entrer sur l'orbite de Mars vers février 2021. Ensuite, il passera deux à trois mois à scruter les sites d'atterrissage potentiels à l'aide d'une caméra haute résolution pour se préparer à l'atterrissage en mai.